Quelqu'un se souvient-il ou a-t-il vécu cet événement ? Existe-t-il des photos ?
Ce petit récit se déroule vers 1960.
Mon père avait entendu dire qu’une baleine s’était échouée cette nuit, sur la plage d’Arzew.
Mes parents décident de m’emmener voir l’animal.
Tu te rends compte, une baleine !
Nous arrivons à Arzew.
Après avoir laissé la voiture sur le bord de la route, pas très loin de la belle allée bordée de
palmiers, nous nous dirigeons vers la plage. Nous ne savons pas où se trouve le cétacé, mais il
devrait être facile à repérer.
Nous apercevons un attroupement près d’un hangar. C’est un grand hangar en bois dans lequel
est entassé toute sorte de matériel : des engins avec de gros pneus, des caisses, des fûts, des
cordages et des filets. Une odeur de poisson mêlée à celle des moteurs créent une ambiance
particulière. Des gens s’affairent, vont et viennent. Les pêcheurs viennent juste de remorquer la
carcasse de la pauvre bête jusqu’ici.
C’est une baleine d’une belle taille. Il est possible qu’elle soit venue sur la plage d’elle-même,
pour y mourir car le flux n’est pas assez important pour qu’elle ait été rapportée du large comme
une épave. Lorsqu’on l’a découverte, elle était déjà morte, mais son parfait état de conservation
indiquait qu’elle avait cessé de vivre depuis peu de temps.
Chacun regarde et admire la bête. On discute, on fait des suppositions. Certains plaisantent et
d’autres veulent déjà aller prendre l’apéro. Il n’y a pas de place pour la compassion.
On te servira de la baleine avec la kémia !
Mon père me soulève et me pose sur le dos de l’animal. Je domine toute l’assemblée. La peau
est sombre et légèrement souple, comme du caoutchouc épais. Près de mon pied, je vois le trou par
lequel elle devait recracher l’eau en formidables jets. Je n’ose pas trop bouger. Je profite de ma
position pour regarder, d’en haut, toute cette foule qui s’agite.
Je chevauche une baleine !
Anne-Claude.
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