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Le Putsch d'Alger
Témoignage de notre ami Guy Pierson.

Le putsch d'Alger.

Le 22 avril 1961 le 18° RCP était en Kabylie dans le cadre de l'opération Jumelles qui se terminait.

Le 18° et le 14° RCP ( Colonel Masselot et Lecomte) ont reçu mission de faire route sur Alger.
Les hommes de ces régiments n'avaient aucune information sur le type de missions auxquelles ils allaient être engagés, si ce n'est quelques détails fournis par les informations reçues par la TSF ; nous savions que la destinée de l'Algérie était en train de se jouer et que nous vivions des moments historiques.

Arrivés à Alger, après y avoir rencontré quelques unités, nous(le 18° RCP) avons poursuivi notre route sur Oran et Tlemcen afin de convaincre le Haut commandement de cette région de se joindre au putsch.

A notre départ d'Alger, le long convoi du régiment était suivi par une file interminable de véhicules civiles ; il s'agissait de volontaires déterminés qui nous suivaient pour nous renforcer le cas échéant n'ayant pas hésité à s'investir dans la cause de l'Algérie Française que nous défendions.
Malheureusement cette force d'à-point qui aurait pu constituer la nouvelle armée de notre Algérie,n'a pas été utilisée et a dû s'évaporer au moment de l'échec du putsch.

Le bruit courait que le Général Challe voulait "convaincre" son homologue, le général de Pouilly commandant en chef de la région d'Oran,qui avait gardé le contact avec Paris et par conséquent refusait de se joindre aux autres généraux putschistes.

Voici l'entretien téléphonique que le Colonel Masselot a eu avec le général de Pouilly :
- Général DP :" - Alors Masselot, il paraît que vous devez m'arrêter?"
- Cl.Masselot :" - Mon général je veux surtout vous parler. Nous avons trouvé dans votre bureau la note du gouvernement prévoyant un honteux cessez-le-feu dans les jours prochains. Votre fils et le mien ne se sont pas sacrifiés pour cela. J'irai vous voir demain seul et sans arme."

Malheureusement l'entrevue entre le Cl. Masselot et le Gal de Pouilly n'a pas changé le cours des choses et la majorité du Haut Commandement de l'Armée est resté fidèle à Paris en regrettant secrétement le schisme résultant de la différence de conception de Patrie et d'honneur qu'avait provoqué dans l'armée française, la guerre d'Algérie.
Le putsch s'est terminé le 29 avril 1961 par l'arrestation des Officiers généraux et supérieurs qui y avaient participé activement.
Les autres ont assisté en spectateurs soit en refusant de s'y joindre comme gaullistes inconditionnels, soit en s'abstenant d'être solidaires pour divers motifs tout en approuvant (carrièristes, craintes de guerre civile etc...).

Il est apparu par la suite que de nombreuses unités de l'armée n'avaient pas participé au putsch car leurs troupes composées majoritairement d'appelés du contingent avaient fait bloquage ce qui avait paralysé leur encadrement ; d'autre part des cellules communistes avaient "noyauté" de nombreux régiments ce qui avait provoqué leur refus de se joindre au putsch.

Le 29 avril notre régiment se trouvait toujours en Oranie et quelques jours avant nous allions être engagés dans une opération afin de réduire une katiba de fels qui venait de passer la frontière franco-marocaine.
Cette opération n'a pas pu être exécutée car nous avons appris que le régiment allait être dissous et qu'il nous fallait rejoindre notre base arrière, Batna, toutes affaires cessantes.
Etant à cours d'aliments, d'eau et de carburant pour nos véhicules nous avons dû "voler" de quoi nous nourrir et nous déplacer car toutes les unités de notre armée ont refusé de nous approvisionner.

C'est ainsi que, cahin-caha nous avons pu parvenir à Batna (porte de Aurès) et de là rejoindre Philippeville où, les unes après les autres les 7 compagnies du 18° RCP ont fondu et ont disparu et tous les officiers embarqués pour le tribunal à Paris.

Le Colonel Masselot a été condamné à 8 ans de prison ; il est décédé en 2002.

Une réflexion qui nous est venue peu après la dissolution du régiment est : Mais qu'ont fait les deux généraux populaires à l'époque, considérés comme héros de l'Algérie Française: MASSU et BIGEARD? Nous avons conclu qu'ils avaient pensé avant tout à leurs étoiles en préférant se soumettre à de Gaulle et trahir leurs frères d'arme.

Une amertume, une rancoeur nous a étreint et nous étreint encore à ce jour le coeur et l'âme devant ce gâchi, oeuvre d'un mythomane paranoïaque dont nous subissons encore les effets de ses délires.

Guy Pierson

Voilà, un petit topo qui retrace les moments importants du putsch d'Alger tel que nous l'avons vécu dans notre régiment 18° R.C.P. Les photos illustrant quelques aspects de cette "saga", sont des documents qui me semble utile à la manifestation de la réalité historique dépourvue de toute désinformation ou propagande.

 

Vous pouvez laisser un commentaire, au témoignage de notre ami Guy. Peut-être que vous aussi vous avez un vécu
sur cette page d'histoire en Algérie ,
postez votre témoignage ou écrivez moi. Merci
 

 

 


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