La Petite Fille et l'exode.
J'étais heureuse, en ce matin Arzewien,
Evidemment, je ne savais rien,
J'allais faire un long voyage,
Et nous préparions nos bagages.
J'entendais pourtant le silence,
Arzew était dans une telle somnolence.
La rue denfert était inerte,
Et la place d'Isly déserte.
Je me souviens, le temps était beau,
Le ciel bleu et le soleil très chaud.
Pas d'automobile, je courais partout,
Innocente, je jouais mon dernier va-tout.
Bien droite, au milieu de la rue Sainte Marie,
J'admirais mon cadre de vie chéri.
La place, le kiosque, l'école, l'église.
J'étais chez moi, pourquoi cette valise ?
C'était un jour du mois de juillet.
Mon père vérifiait nos billets,
Ma mère alignait les derniers paquets,
Ma sœur sanglotait sans chiqué.
Puis l'ultime coup d'œil à la demeure,
Partir sans se retourner, sans humeur.
Dans la rue, tous les amis silencieux,
Nous empoignent, pour les derniers adieux.
En voiture, nous partons pour Oran.
Un bateau attend, le « ville d'Oran ».
Dans les yeux de mes parents en affliction,
Je découvre la plus cruelle résignation.
Sirène du bateau, c'est le départ,
Mes yeux ne quittent pas leur regard,
J'ai mal au cœur, ils sont en pleurs.
Nous savons tous que le retour est un leurre.
Camille….le 18 mai 2008. |