Arzew, le 24/09/2005.
Aujourd'hui, tout en continuant notre séjour en Oranie, mon mari et moi avons décidé de manger chez Germaine. Son restaurant la "Germainerie" est ouvert, nous nous rendons à Arzew.
Ah !!! Germaine. Je suis très émue lorsque je pénètre dans son restaurant, quelque chose d'étrange m'interpelle, je ne reconnais pas les lieux, mais pourquoi dans mon esprit ça ne colle pas, (elle me dira plus tard dans la conversation que c'était un magasin de vin liquoreux).
Tout à coup une petite dame, là, au milieu de la pièce s'active, toute habillée de blanc avec un gros ceinturon sur les hanches, souriante, accueillante. Je m'avance vers elle, elle me regarde :
" - Je suis Camille, la nièce de Ramonet, la sœur de Jean Paul ".
Alors là, elle irradie de joie :
- "La nièce de Ramonet et d'Edmée, la sœur de Jean Paul, bien sûre, la plus jeune ".
Elle me prend dans ses bras et nous nous embrassons avec une grande joie. Cela fait maintenant prés de 43 ans que nous ne nous sommes pas vues.
Je lui rappelle à sa mémoire:
- "Tu te souviens, quand tu me mettais sur ton ventre et que tu nageais sur le dos, lorsque nous allions à la Fontaine des Gazelles faire les oursins?
Et de sa petite voix douce, toute frêle, elle me répond :
- " Ah, tu te rappelles comme je nageais bien!!!!! Mais je suis toujours sportive. Ce matin j'ai été nager à la Fontaine des Gazelles comme chaque jour ".
Fantastique, il faut savoir qu'elle a 82 ans. (Cela se passait en 2005)
Mais cela ne m'étonne pas, car elle était déjà à l'époque une femme avant gardiste, libre, audacieuse, indépendante, courageuse qui savait prendre des décisions. Je la regarde et je lui demande:
- " Comment cela se peut-il que tu sois restée? "
Elle me répond tout simplement:
- " Mais pourquoi, vous, vous êtes partis?"
Belle réponse qui me laisse dans des interrogations ".
Elle me prend par la main :
- " Viens, me dit-elle , on va prendre une photo de nous deux devant l'emblème d'Arzew Portus Magnus ".
Je la serre très fort car c'est un des derniers liens qui existent encore à Arzew entre nous et notre passé.
Doucement, elle me dit :
- " Qu'est ce que tu veux manger ?"
Sans réfléchir, je réponds:
-" Ce que tu as ."
Et bien, elle nous proposa une salade de tomates avec des anchois et des olives du coin et de l'espadon grillé tout frais du matin.
Magnifique, ce fut un repas de roi. Avec une bonne bouteille de rosé de la région nous avons trinqué , tous les trois , Germaine , mon mari et moi.
Ce petit bout de femme, volontaire, disponible ce jour là pour nous, et si attachante, restera à tous jamais dans ma mémoire et dans mon coeur.
Camille.
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