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ARZEWVILLE, la mer et les palmiers de mon enfance.
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La rue Saint Louis à Arzew.

Une rue comme tant d'autres dans ce village, cella là portait le nom de St Louis, elle fût le témoin de mon enfance et de mon adolescence, et s'il n'y avait pas de chêne pour faire régner la loi… elle était riche de cris d'enfants, de jeux, de rencontres et de vie…..

L'entrée de notre appartement donnait dans cette rue, rien d'extraordinaire à cela, mais cet appartement avait une autre issue qui donnait sur une cour……

et voilà mon histoire…

Il était une fois …une cour, pas celle de Versailles, ni de Vienne, mais une cour banale, qui n'attirait pas l'œil quand on passait devant, mais qui renfermait des richesses, un peu la caverne d'Ali Baba..
Plusieurs familles résidaient autour de ce lieu fermé, un grand portail en bois bloquait la seule issue pour ceux qui n'avaient pas de porte donnant dans la rue.

Quand ce portail était fermé le soir, un monde s'éveillait à l'intérieur, les pêcheurs étaient rentrés, du poisson dans un sac, les épouses s'activaient pour préparer le repas, des odeurs montaient et envahissaient chaque recoin. Après le souper, quand l'agitation avait cessé, les mamans prenaient un peu de repos, les enfants repoussaient encore l'heure de se coucher en jouant encore sous la lune éclairante.

On pouvait compter à peu prés 10 appartements dans cet endroit, de différentes tailles et contenant des familles plus ou moins nombreuses. Des enfants comme si il en pleuvait, d'âges différents, ainsi les jeux et les bêtises pouvaient se perpétuer en un riche héritage.
Mais la force de ce lieu était la solidarité…. Qui pouvait être aussi forte que les fâcheries, mais qu'importe dans les coups durs tous étaient là et répondaient présents.

Il y avait là aussi différents corps de métiers, notamment une couturière à fort caractère, compétente, quel bonheur quand de ses mains notre pièce de tissu donnait la robe attendue, elle était fière de son travail et nous de la porter.
Des pêcheurs en grand nombre, qui partageaient avec les voisins le butin ramené, quelques personnes âgées pour l'équilibre et voilà décrit le ciment de ma jeunesse.

Il y avait des rites qui perduraient, l'arrivée de ce Monsieur qui à mes yeux d'enfants ressemblaient à un géant, toujours chargé de grandes valises, et de sacs sur le dos, il vendait du linge de maison, des vêtements, un peu les galeries Lafayette ambulantes, il s'installait au milieu de la cour, ouvrait ses valises, toujours le carnet et le crayon à la main, comptabilisant sans arrêt, qui a pris ! qui me doit !, on savait à ce moment là si Marie allait bientôt marier sa fille, ou si Néna attendait un bébé, si le petit était devenu grand, car il fallait des pantalons plus longs, c'était une visite régulière, du paiement à tempérament, le crédit revolving c'est lui qui l'a inventé !!!!!

Et ces jours merveilleux de lessive… nous n'avions pas pendant longtemps l'eau courante, une fontaine dans un coin de cette cour était le matin le lieu de rencontre, chacun son tour avec son seau attendant, gare à celle qui voulait passer avant, vite le langage dépassait quelque fois la pensée, tout petit c'était là que nous apprenions le vocabulaire interdit. Un tour était instauré afin que toutes les lessives ne soient pas faites le même jour, car pour étendre cela posait problème. Des grands fils de fer traversaient la surface de la cour et pour ne pas que le linge traîne au sol de grands bâtons prenaient le fil d'étendage et relevaient le tout, le linge volait au vent, le soleil donnait la blancheur, et l'odeur de savon et javel embaumaient longtemps cet espace.

Nos jeux d'enfants étaient les mêmes que ceux de tout les enfants, nos parties de cache-cache étaient interminables, de grandes marelles dessinées sur le sol cimenté, ce palet de pierre que nous faisions avancer pour arriver au ciel..et les parties de jeux d'osselets, une jambe pliée, l'autre ouverte afin de permettre au corps de mieux avancer pour bien lancer les osselets, une main dans le dos, quand on était experte, nos parents nous arrachaient à ces jeux pour le repas.
La gagne était forte, la réputation de joueuse à conserver.
Les garçons, souvent un balai entre les jambes, jouaient aux cow-boys, ou bien dessinaient un circuit et avec les capsules des bouteilles gagnaient des batailles sans fin.

Il faisait bon vivre, et jamais nous n'aurions cru, qu'un jour tout cesserait, les histoires ont toujours une fin nous l'aurions aimé plus gaie, notre mémoire est là pour palier à ce vent de l'histoire …..

Geneviève

Commentaire de Geneviève:

Dans la cour ou j'habitais il y avait Mr et Mme RODRIGUEZ surnommé LAGAGNA (pardon pour l'écriture), il y avait aussi Sauveur le facteur, on lui chantait tout le temps le facteur de Santa Cruz de H.Genés, il n'aimait pas ça Sauveur.

Raymond Rodriguez avait créé un patronage, les garçons se réunissaient dans la cour, et ils jouaient des scènes de pièces de Théâtre, les filles nous regardions avec envie. J'ai vu les premiers pas de J.Almodovar habillé en Jules César.

Pas une cour des miracles....mais presque

Quand je l'ai revu en 2004, elle était réduite de moitié, un petit immeuble avait été construit sur nos lieux de jeux. J'ai eu du mal à la reconnaître.
Je suis rentrée dans différents logements qui eux n'avaient pas changé du tout.

Commentaire de Christian:

Si j'ai bien compris ton explication , tu habitais entre la droguerie Gimenez et le caviste Algudo. En face habitait un copain qu'on surnommait "tac à tac".

Lucie Juan, la soeur de Geneviève, dans la rue Saint Louis.
Geneviève Commente la photo:
Sur la photo où il y a ma soeur, derrière elle, ce jeune garçon qui ne se rend peut être pas compte qu'il va apparaître sur cette photo est
Jean Pierre BALLESTER
, le copain de mon enfance, de classe, mon voisin, le partenaire de jeux pendant notre vie là bas. Il est toujours le bon copain devenu un ami, à qui on aime tout raconter dans les moments durs, et partager des instants de joie aussi. Une amitié qui perdure et je l'espère pour toujours.


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