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ARZEWVILLE, la mer et les palmiers de mon enfance.
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Voyage désorganisé !!!
Mon départ vers la "France" métropolitaine

Le 17 Juin 1962.

Ma mère nous annonce notre départ pour la métropole, pour le lendemain, et nous invite à dire au revoir à tous, car nous n'aurions pas le temps de le faire au moment de partir.

Je me revois arpentant les rues d'Arzew, pour saluer toutes les personnes connues, amies, amis, copains, copines, voisins, voisines, il m'a bien fallu la journée pour échanger avec qui des adresses, des engagements à nous écrire…quelque fois même sans avoir d'adresse…C'est dire le sentiment d'anxiété, de peine qui nous avait envahis.

J'étais sur un nuage sans savoir sa destination, ou plutôt destination inconnue…Et l'inconnu fait peur, je n'étais qu'une adolescente qui avait vécu dans un petit cocon entre ciel et mer et que l'on arrachait de son nid…

Le 18 Juin 1962.

Quelques valises chargées dans la voiture, un dernier regard à cet appartement qui m'avait vu grandir, regard voleur afin de ne pas oublier jusqu'à la couleur du carrelage, notre expédition était composée de 5 personnes, mes 2 grand mères, ma mère, ma sœur et moi, la voiture passa devant le monument aux morts, et mon cœur était déjà en lambeaux, arrivée au village carton, la route montait et mon père s'arrêta sur ce coin de terre ou l'on pouvait voir la baie d'Arzew et le village, photo inoubliable et à ranger dans les souvenirs éternels.

Dans un grand silence la voiture roula et nous amena à la SENIA, cet aéroport était entouré d'une clôture, une fois entrée , impossible de faire demi tour, et j'en avais envie quand j'ai vu repartir mon père et Francis, une impression de ne plus se revoir m'empara et là les larmes commencèrent à couler et encore plus quand entrant dans le hall de l'aéroport des centaines de personnes sont là allongées sur des lits de toile, priorité aux personnes malades et âgées. La journée s'est passée à trouver de quoi installer mes 2 grands-mères et avec ma sœur nous avions retrouvé d'autres arzewiens partis avant nous, insouciance de nos 16 ans, joie de nous retrouver, amitié non perdue, comme si le temps nous laissait encore du temps…quand cette première nuit arrive, nous avons avec ma sœur couché dehors, sur une pelouse avec copains et copines, autour de nous des chars circulaient, des coups de feux étaient tirés, des explosions nous parvenaient, nuit difficile sous un ciel étoilé chaleur intense.

Le 19 juin 1962

Nous sommes toujours à la SENIA, rien à manger, nous ne pensions pas rester si longtemps, juste une brioche achetée au marché noir, quel goût avait-elle…des nouveaux arrivants de notre village et on recommençait à rire et s'amuser, pour ne pas devenir fou, pas de toilettes, les garde mobiles nous ont dirigés vers un second camp, moins de monde, pas de lits que des bancs et ces déplacements dans une cohue, poussées par ces militaires qui ne nous ménageaient pas, deuxième nuit à dormir sur le sol, là cela commencait à devenir plus dur à supporter. La croix-Rouge nous offre de l'eau, voilà donc deux jours sans manger.

Le 20 juin 1962

Journée épuisante sous cette chaleur, les cris des enfants, des décès de personnes âgées prés de nous font monter notre angoisse, un avion doit arriver, effectivement il est arrivé le soir, les hôtesses de l'air nous offre une soupe de légumes, je ne crois pas en avoir dégusté d'aussi bonne.. Nous avions cru la fin arrivée…. Et c'était la faim qui nous tenaillait. Nous sommes montées dans cet avion, installées sur les fauteuils et endormies de suite, il était plus de minuit… déjà le 21 juin 1962, notre arrivée à Lyon-Bron, telles des automates nous marchions vers une réception quasi inexistante, mais il fallait faire vite, et là à ce moment-là j'ai senti sur mes épaules..toute la peine du monde m'envelopper, j'avais envie de hurler, et tout doucement mes lèvres prononçaient « Arzew ou es-tu ? pourquoi tout ça ?

Geneviève

 

 


Par bateau ou par avion la douleur du départ est très profonde pour tous ces exilés.

 


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