<%@LANGUAGE="VBSCRIPT" CODEPAGE="65001"%> Arzewville, Pierrot, Pâques à Arzew

 

Pâques à Arzew que l’on pourrait appeler « La Chkoumounne ».

A l’approche des fêtes de Pâques, mes pensées vont vers ma mère, actrice involontaire de ce triste soir avant Pâques, en revenant de chez Campos pour cuire les mounas.

Maman Carmen Contreras

Nous avons passé le portail de la propriété des Sempéré, 4ième rue des Jardins, qui était toute entourée de grilles acérées en haut des barres, tout comme le portail d’ailleurs.
Nous avons traversé l’allée et sommes passés devant l’habitation de l’entrepreneur Sempéré pour aller à ce qui nous servait de logement(après avoir quitté la fabrique d’alfa) et qui ressemblait plus à un « taudis », sans porte ni fenêtres.
Ma mère, qui portait la corbeille de mounas encore chaudes et odorantes a glissé (car il pleuvait ce soir-là) et elle s’est cassée la cheville.
Donc les mounas, elles étaient sur le sol, car elle a tout lâché et seul mon frère Antoine (qui travaillait chez Orenga et qui pour l’occasion avait pris le fourgon de livraison, un Renault 1000kg) tenait encore un côté de la corbeille.

Ce soir-là, et il faisait nuit, ma mère a été chargée dans le fourgon et emmenée à l’hôpital d’Oran.
Une fois de plus elle nous quittait pour un long séjour, d’habitude c’était pour les fièvres de Malte et autres.
Pour moi qui avais 9 à 10 ans à l’époque, c’était encore une longue absence sans elle et cela a duré environ 2 mois.

Lorsqu’ils lui ont enlevés le plâtre, son pied était de travers car ils ne lui ont même pas réduit sa fracture avant de l’immobiliser.
De ce jour maman est restée infirme avec des difficultés pour marcher.
Du travail de débutant, un vrai boucher, et encore, même pas sûr car eux ils s’appliquent dans leur travail.
Mais comme il a bien massacré son travail ce jour-là.
Pour bien faire il lui aurait fallu une chaussure orthopédique mais vu la misère ambiante, il ne fallait même pas y songer.

Alors voilà comment, pour une simple fracture de la cheville mal soignée, une personne qui était bien portante est devenue infirme à vie.

Cette année-là les fêtes de Pâques étaient gâchées et les mounas avaient un gout d’amertume et de peine.
La fête était finie et la mouna était redevenue de la simple pâte que l’on mangeait comme si cela avait été du pain.
Par la suite, j’ai dû m’habituer à voir ma mère marcher difficilement, alors qu’avant je n’arrivais pas à la suivre pour aller à Arzew.
Cela ne s’oublie pas et s’est gravé dans ma mémoire d’enfant que j’étais à l’époque, et ça se rajoute à tout ce que nous avons vécu de négatif, hélas !
Mais je ne veux pas faire pleurer dans les chaumières.
Je veux seulement vous faire partager les hauts et le plus souvent les bas, des souvenirs d’un enfant des années 1955.

Depuis, pour moi, Pâques ne veut plus rien dire, si ce n’est que les moments de joie de mes enfants et petits enfants cherchant les chocolats sur le terrain, autour de la maison.
Hormis cela, je ne fête pas Pâques, cela n’engage que moi, bien sûr.

Par contre j’ai un autre souvenir un peu plus gai, alors que j’étais plus petit que cette fois là.

C’est le souvenir d’un matin de fête, ou mon cousin Joseph Pérez, épicier à St. Leu, était venu nous chercher avec sa camionnette Citroën U23.
Et le repas, pris à même le sol, au bord de la mer à St. Leu plage, un riz amélioré cuisiné sur place et bien sûr, la traditionnelle mouna ! Cela va sans dire !

N’étant pas catholique pratiquant, Pâques en France ne m’intéresse pas et nous ne le fêtons pas.
Je pense que seuls les Pieds-Noirs savaient donner un sens à cette fête, là-bas, parce que nous étions un peuple vivant, festif et insouciant.
Hélas notre existence s’est terminée en 1962 mais certains, et ils sont nombreux, font en sorte de faire perdurer la tradition, et de part leur proximités géographique cela est rendu possible.
Mais dans une région comme la mienne, rien ne se fait.
Il suffit de regarder l’écho de L’Oranie, de compter les réunions de Pieds-Noirs en Gironde… Nada, c’est chacun pour soi! C’est mon avis personnel et cela n’engage que moi.

Bonnes Pâques quand même à vous tous.

Amicalement.

Pedro.

Camille, ce que j’ai écrit est rigoureusement vrais, et je l’ai écrit à la va-vite.
J’espère qu’il te plaira et si oui tant mieux.

Comme tu le sais Camille c’est moi (yoyo) qui te transmets les textes que Pierrot écrit.
Je sais que les fêtes de Pâques sont déjà loin mais je te l’envoie quand même et j’espère que tu le recevras.

;

Je te mets une photo de nos petits fils qui ont ramassés les chocolats cette année.
Tu me diras si tu as bien tout reçu.
Bisous à toi et ta famille.

Yoyo et Pedro.

Merci Pierrot pour ce témoignage .

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