La petite plage à Arzew |
Lamparos |
Moi qui habitais les
Jardins, je me retrouvais très souvent au bord de la mer soit pour flâner ou alors pour pêcher mais sans trop de succès.
Par contre, les « gabotes » ces idiots sympathiques, qui aimaient les alentours du
petit quai près des lamparos, venaient d’eux même se prendre à l’hameçon. Je crois que même sans appât ils auraient mordu.
Moi je les relâchais aussitôt car ça ne donnait pas envie de les manger.
D’autres fois, c’était à
la crique que je jetais mon dévolu ,c’était un endroit très plaisant et j’aimais beaucoup cette eau claire et d’une transparence sans égale! Surtout en arrivant, sitôt passé le quai brise lame, à droite, où l’on pouvait se baigner sans danger.
Quant à
la Fontaine des Gazelles, je crois que j’y étais abonné, que ce soit seul ou avec un ami :
Thomas Sempere de l’aviron Arzewiens et beau-frère du bossu ou
pépé RUS, le papa d
’Herminie de l’usine d’alfa.
J’y allais aussi avec
Louisico GONZALEZ de la 4ième rue des Jardins.
La pêche à la Fontaine n’était pas la pêche depuis la plage, que ce soit face aux palmiers ou à l’abattoir. Les hameçons s’accrochaient souvent et il fallait en remonter un à chaque fois que cela arrivait. Je connaissais bien cette côte rocheuse que j’exploitais, c’est un bien grand mot! Mais il est vrai qu’il y avait plusieurs grottes.
Il y en avait une grande avec des graviers devant, tout à fait acceptable pour la baignade.
Près de la
villa ORENGA, il y avait un creux où était placé une vierge. Elle avait été amenée là je ne sais par qui ?
C’était un endroit pour prier et dans mon souvenir cette vierge devait faire à peu près 50 cm de haut. L’avez-vous vue ? Il serait intéressant d’en parler. C’était peut-être des pêcheurs qui l’avaient placée là (à cause d’un naufrage ou bien y a-t-il eu des noyés à cet endroit!).
C’était curieux qu’elle soit dans cet environnement.
J’ai pêché aussi aux
abattoirs, entre autres avec
André RUS, le frère d’Herminie, coiffeuse chez
RAMONET (et lui aussi a appris le métier chez ce brave homme).
Bref, le matériel d’André se résumait à un morceau de liège avec, aux extrémités, des rebords pour empêcher le crin de s’en aller. Après avoir mis l’appât à l’hameçon il faisait tournoyer le tout de plus en plus vite et en faisant attention que le liège ne s’en aille pas il lâchait le crin qui partait loin, très loin.
Pépé RUS et André étaient de très bons pêcheurs.
La nuit avec Pépé nous allions jusqu’au
quai des « yamparas », il choisissait un canot avec les rames et nous partions jusqu’au milieu du port.
Pas très loin de là, il y avait
le Duquesne.
Quand la pêche était finie nous remettions tout en place, comme c’était avant de s’en servir, et nous rentrions chez nous, à la fabrique d’alfa.
Le matin
Pépé embauchait à la dite
fabrique ORTEGA.
Il pêchait une partie de la nuit et il se levait de bonne heure pour travailler. Il fallait aimer la pêche mais il faut dire qu’il vendait tout aux voisins et qu’ils en redemandaient. Il alliait plaisir et nécessité, car même en travaillant, les salaires volaient bas à ARZEW pour les ouvriers.
Nous l’aimions notre
ARZEW, mais pour les petits, la vie était dure.
A une certaine époque,
Louis et son frère Lucien avaient un bateau de 7 mètres environ, avec un mat. Un joli bateau en somme.
Dès fois ils m’emmenaient avec eux en mer et là c’était la pêche de luxe!
Il suffisait de laisser trainer le fil que l’on tenait au bout des doigts. On allait plus loin que le phare et je peux, par conséquent, dire que je l’ai vu de près et qu’il est bien plus grand que l’on se l’imagine en voyant la photo. Quelque fois tout allait bien pour moi et d’autres fois j’avais le mal de mer : ça c’était horrible! Par contre eux ils étaient contents car ça rameutait les poissons sans « bromechs ».
Puis, à force, ma mère s’est procuré des petits cachets de « nautamine » (étant le premier intéressé, je me rappelle encore le nom). C’était quand même plus confortable pour moi.
Une autre fois nous étions à peu près en face de la « Sargal ». Alors que nous avions une mer d’huile, en l’espace d’un rien, le vent s’est levé, ainsi que la tempête. J’ai eu la peur de ma vie! Je m’étais accroché au mat et rien au monde n’aurait pu m’y arracher ; c’était terrible! Lorsque le bateau a passé l’entrée du port, je ne vous raconte pas le soulagement et encore plus lorsque nous avons mis pied à terre!
Je vous garantie que c’était la dernière fois que je suis monté sur un bateau. Comme on disait chez nous :
« le sousto de ma vie! »
Depuis ce jour, ils y allaient à la pêche, mais sans moi !
J’espère que mon récit ne vous aura pas déplu. Le principal n’est-il pas de faire revivre (et de partager nos souvenirs) cet ARZEW ?
Notre ARZEW !
Amicalement.
Pierrot.
Ps : Un souvenir me revient et je vais vous le raconter.
Qui se souvient de la
tortue attachée à la crique ? Elle était énorme et devait bien faire entre 300 ou 400 kgs. Elle était impressionnante et elle agonisait là. Alors que bien plus tard j’ai appris que cette espèce que l’on voit à la télé est très pacifique, dans ma tête d’enfant je ne comprenais pas pourquoi elle était là. Combien de fois j’ai voulu la détacher mais j’en avais une peur bleue! Je ne connaissais pas cet animal marin, à la taille imposante, mais j’étais triste à chaque fois que je passais voir si elle était encore là. J’y venais souvent mais la peur m’empêchait de défaire les nœuds qui la retenaient prisonnière. Peur de quoi? De me faire manger ou de me faire arracher un membre? Cela fait que je suis resté passif, et donc complice de l’agonie de cette grande tortue. Le comportement des adultes est souvent irrationnel d’autant plus qu’elle n’avait aucune valeur marchande.
Un souvenir parmi tant d’autres.
Ce que j’ai vécu à
ARZEW, jamais je n’en aurais des regrets. Les regrets que j’ai c’est de ne plus y vivre, comme vous aussi mes amis, je pense.
Pierrot.