Toinou nous raconte son rêve......

Cette nuit j'ai dormi d'un sommeil agité, peuplé de rêves.....
J'ai rêvé à notre Arzew où j'avais rendez-vous, Place d'Isly, avec les copains de mon âge pour aller fêter la mona.

De très bon matin nombreux sont venus les jeunes gens, qui du village carton, qui des jardins, qui des remparts...et ils attendent l'heure du départ pour le Cap Carbon, assis ou debout autour du kiosque.

Certains ont des sacs à dos, d'autres des "cabasets", en tous cas tous bien chargés de victuailles car nous partons pour la journée. Accroché à son sac Pepico porte le "paellon" qui nous servira à cuire le "gaspacho" pour midi.

Simon est encombré par une énorme "bilocha de pascua" aux couleurs de la France, un "barilete".

Lorsque l'horloge de l'église égrène les 6 coups de six heures, la troupe se met en marche en tâchant de ne pas trop faire de bruit pour ne pas déranger nos aînés.

Passé la rue Sainte Marie, nous voila sur la promenade des palmiers, à l'angle de chez "Tchimet", et nous longeons la plagette endormie jusqu'au premier quai.

Ensuite c'est la marine où d'autres copains se joignent à nous et, après la pêcherie, nous attaquons la montée du cimetière dans le calme pour respecter l'endroit.

Dans nos têtes nous pensons "la que se va armar !!"......
Effectivement, un peu plus loin la "saragata" commence au son des accordéons, guitares, tambourins ... et tous en coeur nous attaquons notre refrain traditionnel :

"Ya stem aqui, ya stem aqui
Viva la mona, viva la mona
Ya stem aqui, ya stem aqui
Viva la mona y el mes de abril

Agua limon, agua limon
Refresca el cuerpo, refresca el cuerpo
Agua limon, agua limon
Refresca el cuerpo y el corazon"

La jeunesse avance d'un pas alerte, aussi nous voila, après être passés devant la "Sargal", à la Fontaine des Gazelles où nous saluons notre phare majestueux qui semble nous encourager.

La marche se poursuit toujours aussi cacophonique, dans la bonne humeur de l'amitié, car entre temps le soleil s'est levé qui nous réchauffe la peau.
Aujourd'hui ce sera notre premier bain de l'année malgré une eau encore fraiche.

Enfin nous arrivons en vue du Cap Carbon, lieu sacré de nos retrouvailles de Pâques. Bientôt nous serons sur la belle plage qui nous attend depuis l'année dernière.

A peine arrivés, Simon déploie sa bilocha qui aussitôt prend son envol sans le moindre signe de "cumba", et arrivée tout la haut, au bout de sa bobine de ficelle, il l'attache à la clôture d'un cabanon......elle veillera sur nous tous, toute la journée.

Dans un coin rocheux, les uns préparent le foyer pour cuire notre gaspacho tandis que des courageux munis de corbeilles se mettent à l'eau pour la cueillette des oursins.

Les parties de rigolade se succèdent au gré des jeux et des plaisanteries jusqu'à l'heure du déjeuner lorsque le repas est fin prêt.
C'est le moment d'ouvrir les sacs et d'en tirer les trésors qui vont s'étaler entre nous dans un fraternel partage, tandis que chacun trouve sa place pour commencer à déguster les "morcillas, la longanisse piquante,la mallorquina, le pâté...." avec des olives cassées et un bon coup de rosé bien frais, à la "cana" pour faire descendre.

Une bonne assiettée de gaspacho plus loin, les estomacs sont rassasiés mais une place a été réservée pour le dessert.

Alors, oh miracle apparaissent les délicieuses monas dorées préparées par de gentilles mamans, les bouteilles de "Moscatel" et d'anis "Del mono" et alors................. "VIVA LA MONA !!!!"

Monas d'Yvonne Gutierrez

L'ambiance ne faiblit jusqu'en fin d'aprés-midi où soudain un cri s'élève au dessus du chahut "Corta el Hilo". C'est notre tradition, et alors notre belle bilocha, son fil tranché net, s'en va, loin, loin, s'abimer en mer tandis que tous la fixent en silence jusqu'à sa chute, et c'est l'heure du retour.

La troupe se remet en marche, avec un peu moins de vaillance, mais toujours avec autant d'entrain au son de la musique. Au bout de notre parcours, de retour sur la promenade des palmiers, nos aînés, taquins, nous demandent "y donde vienes" et alors, tous en coeur nous répondons "de la Monaaaaaaaa !!". Puis la troupe se disperse, chacun rejoint sa famille et la fête est finie jusqu'à l'an prochain si Dieu le veut.

ARZEW mon bel Arzew tu vis dans mon coeur et dans mon esprit.

TOINOU D'ARZEW