ORAN - 11h30…5 Juillet 1962….
« Ne me raccompagne pas, remonte préparer le repas de ton mari »….C’est peut-être à cette phrase que je dois d’être là aujourd’hui !!!!
Ce sont les mots d’une dame âgée (notre âge actuel) qui est venue ce 5 Juillet 62 boire un café avec moi dans cet appartement que j’occupe à Oran.
Je remonte donc…et presque aussitôt les détonations éclatent…Je n’ai pas de fenêtres sur la rue. Je prends donc ces bruits pour des pétards puisqu’ils sont accompagnés de yousyous de joie !! Mais les hurlements dans la cour intérieure de l’immeuble me font comprendre que ce qui se passe est grave…
Je reste donc terrée, seule, dans l’appartement au quatrième étage, sans téléphone, jusqu’à 17h, heure à laquelle mon mari peut venir me rejoindre en half-track : les militaires (il est au BPM d’Eckmühl) ont été « bloqués » dans les casernes avec interdiction de porter secours aux pieds-noirs.
Quel spectacle de désolation offre la belle ville d’Oran…Mais les dégâts matériels ne sont rien à côté des gens qui recherchent, désespérés, un des leurs disparus …
Dès le 8 Juillet, j’embarque avec ma cousine et son bébé à la Sénia
..C’est très dur de faire remonter ces horreurs mais je suis particulièrement triste de voir fêter ce 5 Juillet en France. Alors pour ceux qui sont si peu respectés, je viens aujourd’hui apporter ce témoignage.
Marie Paule Fernandez

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