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ARZEWVILLE, la mer et les palmiers de mon enfance.
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Bonnes Fêtes de Pâques
Y Viva la Mona

" ya stem aqui,
ya stem aqui,
viva la mona,
viva la mona y el mes d'abril....
agua limon,
agua limon refresca el cuerpo y el corazon"

Nous chantions cette chanson en marchant vers le Cap Carbon..
Aie recuerdos nuestros de nuestra juventud.
Toinou Guttierez

 

Pâques de notre jeunesse d'Eliane Gatto-Lon

 

Comme chaque année, en plein milieu de "Semaine Sainte", je ne peux m' empêcher d' évoquer les souvenirs d' enfance qui me restent des célébrations de cet évènement.

Chez-nous, que je sache, point de processions de pénitents marchant pieds-nus au son lugubre de tambours voilés, scandant leur marche, vêtus d' une défroque de bure, le visage dissimulé par un effrayant capuchon pointu, comme cela se fait par exemple en Espagne ou à Perpignan et les villages alentours.

Rétrospectivement, je suis contente de ne pas avoir eu à subir un tel spectacle, si impressionnant pour des enfants (mais j' avoue que je vois, maintenant, dans ces manifestations, l' expression d' une foi profonde).

Je préfère me souvenir des "Pâques fleuries", les Rameaux, quand, tout endimanchés, nous allions à l' église faire bénir la branchette d' olivier, destinée à remplacer celle de l' année précédente sur le crucifix familial, afin que se perpétue la protection divine sur le foyer.

Que Dieu me pardonne, je crois avoir commis à ces occasions, le pêché de gourmandise en ne pensant, durant la messe, qu' aux friandises pendant aux branches enrubannées d' un rameau artificiel, plutôt qu' à l' entrée triomphale de Jésus à Jérusalem.

Je me souviens que nous attendions surtout que les cloches, qui s' étaient tues durant trois jours, sonnent à nouveau à toute volée, le message annonciateur de la Résurrection, et signe de réjouissance pour nous.

C'était un grand bonheur, en effet, de lancer en l' air, en signe de joie, les vaisselles ébréchées gardées pour cette occasion, et de les voir se briser sur le sol. Mais le point d' orgue, c'était que le lendemain, lundi de Pâques, nous irions "à la Mona", c' est à dire pique-niquer, et en l' occurrence pour nous Arzewiens, au bord de la mer, sur les petites plages abritées dans les merveilleuses petites criques de notre littoral.

De très bonne heure, ce jour-là, une "avant garde" de chaque famille ou groupe d' amis, était chargée d' aller choisir puis occuper un espace qui permettrait au gros de la troupe de s' installer ensuite dans les meilleures conditions. Cette mission était dévolue aux jeunes, qui en outre, étaient chargés d'emmener, bâches pour nous protéger du soleil, couvertures, sacs de charbon, bonbonnes d' eau etc... et de faire "le ménage" en évacuant d' éventuels détritus.

Les tâches accomplies, notre insouciance reprenait le dessus et nous ne pensions plus qu' à nous amuser.

Certains parmi nous, oubliant les promesses faites à leurs mères inquiètes, prenaient leur premier bain de l' année et allaient débusquer des oursins, tandis que d' autres faisaient moisson d' arapèdes collées aux rochers.

Les chose sérieuses commençaient avec l' arrivée des adultes surchargés de paniers à victuailles, vaisselle et boissons. Commençaient aussitôt les préparatifs du repas, c'était en général une paëlla, une bouillabaisse ou une frita accompagnée de côtelettes d'agneau, de brochettes pour les jeunes, salades juives, de tomates, charcuteries... chacun mettait la main à la pâte, les pères s' affairaient à allumer le feu entre de grosses pierres, et les mères à préparer tout ce qui allait se manger.

On dressait la table sur une bâche recouverte d'une nappe, étendues à même le sol. Et pendant que le repas mijotait, avait lieu le rite de l'anisette, allongée d'eau préalablement rafraîchie dans des bouteilles plongées dans la mer, et accompagné de la kémia: olives cassées, tranches de soubressade ou de saucisson, anchois, cacahuètes en cosses...

L' ambiance était à la fête, sans chichi, et chacun savourait ces instants de pur bonheur, il faut dire que le vin bien frais y contribuait largement, et même les plus timides n' hésitaient pas à en raconter une bien bonne ou à pousser la chansonnette. Mais par dessus tout, il faut souligner que c' est le beau-temps dont nous bénéficiions là-bas, qui nous rendait optimistes et joyeux.


Photo envoyée par Jean Claude Gonzalez et Nini Ventura

Après les agapes, la journée se poursuivait par des jeux: parties de foot, de cache-cache, lancer de cerfs-volants... d' autres cuvaient leur vin, en faisant une sieste réparatrice à l' ombre d' un rocher.


Photo envoyée par Jean Claude Gonzalez et Nini Ventura


Manou Ventura porte sur ses épaules Manou Martinez

Comme tout a une fin, il fallait bien regagner nos pénates. Pour ce qui concerne ma famille et la plupart d' entre-nous, le trajet de retour, comme celui de l' aller d' ailleurs, s' effectuait à pieds. Malgré la fatigue, la bonne humeur continuait de régner, on s' interpellait d' un groupe à l' autre... on était allé à la "MONA" et on revenait du "MICO".

Après tant d' années, l' émotion est toujours là. Les fêtes de Pâques du temps de notre jeunesse donnaient lieu à de grands moments de convivialité, en compagnie d' amis, de membres de la famille et surtout de nos parents, qui sont hélas disparus... C' est sans doute pour cela que nous y pensons toujours et que, celles d' aujourd'hui, n' ont plus la même signification pour nous, ni le même attrait.

Eliane

 


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