40 ans passés, une histoire d’amitié.

On pourrait commencer par ….il était une fois deux enfants : deux filles du même âge, deux  numéros gagnants (comme disaient nos parents), pas ensembles à  la maternelle, une  à l’école religieuse, l’autre à l’école publique puis vint l’âge qui les rassembla dans le même établissement on va situer cet âge là vers 6 ans, elles gravirent  les différents niveaux  pas toujours dans les mêmes classes mais les cours de récréation étaient là pour faire le lien.

Comme la mémoire est sélective, et que nous ne sommes pas des ordinateurs, difficile de se souvenir de sa petite enfance sinon que des images bien lointaines, plus récentes sont celles de l’adolescence, celles qui nous ont réunies  et unies à jamais je pense. Nous n’avons même pas une photo pour  aider nos souvenirs à rejaillir, mais un sentiment d’amitié très fort, qui s’est construit là-bas dans notre village de l’enfance  -ARZEW- cher à notre cœur, qui a vu passer nos peines et joies, qui a  participé à nos constructions de femmes, nous permettant d’allier l’amour, l’amitié et le respect l’une de l’autre, avec une telle ossature 40ans passés ne pouvaient nous séparer mais au contraire cimenter encore plus nos sentiments.

A ce stade de la lecture, je sens bien que vous avez envie de nous connaître, alors je vais nous présenter, en commençant par celle qui fût mon ombre comme j’étais la sienne, au pays du soleil c’est normal….
Elle répond au prénom d’Elisabeth, avec comme surnom Babette, voilà ça y est vous l’avez reconnue, reconnue mais mal connue, sous un visage un peu sévère mais que venait vite dérider nos rires et fous rires dont nous étions reines,  elle était riche d’écoute,  son amitié était forte et n’acceptait pas les entourloupes, directe sans fioriture les choses étaient dites et
Vraiment sincères, j’emploie l’imparfait mais elle ne l’était pas, c’est pour cela que je l’aime
Elle faisait partie d’une famille de plusieurs enfants, avec un papa pêcheur,  la vie de chaque jour était liée au climat et aux caprices de la mer, aux jours de bonne pêche ou aux sorties non possibles. Moi qui avais une sœur, j’aimais chez elle le contact avec ses frères, la relation passionnée et pesante qu’ils avaient avec elle.
On dit que les contraires s’attirent, notre relation était portée par ce dicton,  les jours et les années vécus dans notre village, se passèrent  comme quand on boit un bon vin et qu’il vous en reste le parfum à jamais.
Je me souviens de ce chemin qui était le nôtre pour nous rendre à l’école, l’une allant chercher l’autre quand elle était prête, nous nous étions quittées la veille et nous avions déjà des choses à nous raconter, me reviennent nos petites histoires d’amour, nous changions de béguins tous les lundis et c’était parti pour une semaine, personne d’autre que nous deux connaissaient les
Heureux élus, des secrets par milliers, des connivences en nombre étaient notre quotidien.
En classe nous étions indisciplinées, et les professeurs nous séparèrent, mais nous trouvions toujours les récréations pour être ensemble, je crois que seulement les maladies enfantines ont du nous séparer, nos fâcheries aussi fortes que nos sentiments.
Les événements nous ont éloignés, mais le contact est toujours resté, elle navigua entre La Rochelle, Paris et maintenant Béziers, et  en cette année 2003, elle surprit  en se mariant, elle que l’on croyait célibataire à jamais… Je fus le témoin de ce que j’écris, et nos rêves de petite fille se sont réalisés, nous épouserons quand nous serons grandes le prince charmant… bon sans commentaires.
Après avoir bien parlé de mon amie, et votre camarade,   à  vous, qui lirez ce texte  mon prénom Geneviève suffira, vous avez deviné que j’étais son double, alors inutile de me répéter.
Entre l’enfance et la vieillesse il y a l’espace d’une vie, le temps d’une amitié et d’un grand amour de jeunesse.

GENEVIEVE